Qu’il soit bâti ou immatériel, le patrimoine sacré est omniprésent en Côte d’Opale, de la plus modeste église de village aux plus impressionnants monastères. 

Savez-vous, par exemple, que le nom de Montreuil-sur-mer vient du latin monasteriolum, qui signifie « petit monastère » ? La « Cité des Corps Saints » abritait d’ailleurs de très nombreuses reliques avant la Révolution. Et elle n’est pas la seule.

L’abbatiale Saint-Saulve de Montreuil-sur-mer abrite l’un des plus beaux trésors d’art sacré au nord de Paris.

Une tradition millénaire

Chaque année, le week-end de la Pentecôte, le village fleuri de Saint-Josse-sur-mer est le théâtre d’une importante cérémonie religieuse. C’est ici que, depuis le Moyen-Âge, les croyants se pressent pour rendre hommage au saint patron des pèlerins.

Les raisons de la dévotion sont nombreuses. Car Josse est à la fois un recours contre l’incendie, la grêle, la peste, les maladies du bétail et les tempêtes en mer.

Sur le mur nord-est du chœur de l’église, une centaine de graffitis rappellent une autre tradition. En effet, depuis le 19e siècle, les marins d’Étaples, de Camiers et de Berck gravent ici leur nom et le numéro d’immatriculation de leur bateau, pour se protéger des périls en mer. Leur dévotion est toujours très vivace, comme en témoignent les cérémonies de bénédiction à la mer qui ont lieu tous les 15 août à Étaples et à Berck.

Pépites d’art sacré

Visiter églises, chapelles et calvaires, c’est remonter le fil de l’Histoire. Dans l’avant-pays, les pépites d’art sacré se découvrent en voiture. Avec à la clé quelques surprises, comme par exemple le surprenant clocher tors de Verchin ou le clocher à bulbe de l’église de Torcy.

Le clocher tors de Verchin.

Sans oublier les nombreuses réalisations de Clovis Normand (1830-1909), architecte autodidacte originaire d’Hesdin. Collectionneur, membre de sociétés savantes, ce dernier a forgé en Côte d’Opale un nouveau patrimoine, à la fois civil et religieux. On lui doit la restauration de 65 églises, et la construction de 45 autres. Il réalise par exemple la rénovation de la chapelle de l’Hotel-Dieu à Montreuil, un magnifique témoignage d’architecture néogothique. C’est également lui qui sera chargé de la restauration de la Chartreuse Notre-Dame-des-Prés, en 1873.

Bâtie en 1324,  celle que l’on surnomme « la Chartreuse de Neuville » connaît un destin tumultueux. Devenue Bien National à la Révolution, elle est achetée puis transformée en carrière. Démantelée pierre par pierre, elle redevient propriété des pères chartreux en 1870. Ils décident de la reconstruire et font appel à Clovis Normand. Les travaux dureront 3 ans. 

La Chartreuse de 1873 a été bâtie sur les fondations de l’ancienne, mais elle est plus grande : 20 000 m2 de bâti sur 12 hectares entourés d’un mur. Un espace gigantesque… pour seulement 24 hommes.

Patrick Allindré, guide passionné à la Chartreuse

Après le départ des moines, la Chartreuse se transforme en sanatorium, puis en hôpital civil et militaire durant la Première Guerre mondiale. C’est aujourd’hui un lieu de visites et d’animations en plein essor, tout comme l’Abbaye de Belval à Troisvaux. La renaissance de tels monuments témoigne donc d’un profond attachement pour le patrimoine sacré.